Résumé:
131 cas de migraines correspondant aux critères de L’INTERNATIONAL HEADACHE SOCIETY (IHS) ont été traités par myothérapie. 84% des patients sont soit en rémission complète, soit en très nette amélioration. Les patients en rémission ou améliorés sont suivis en moyenne pendant 20 mois et continuent de l’être actuellement; le nombre de crise migraineuses évitées (5051) atteste de la validité de la méthode y compris sur la pathologie très ancienne (17 ans d’évolution en moyenne avec un maximum de 58 ans). le traitement des migraines par myothérapie : hypothèse et explication.
- Critères d ’inclusion
L’étude présentée porte sur 131 cas de migraines correspondant aux critères de l’International Headache Society (IHS) définies en 1988, que nous rappelons ci-après :
A : Au moins 5 crises répondant aux critères B, C ou D
B : Crises de céphalées durant de 4 à 72 heures (sans traitement)
C : Céphalées ayant au moins deux des caractéristiques suivantes :
1- Unilatérale
2- Pulsatile
3- Modérée ou sévère
4- Aggravation par les activités physiques de routine telle que montée ou descente des escaliers.
D : Durant les céphalées, au moins l’un des caractères suivants:
1- Nausées et/ou vomissements
2- Photophobie et phonophobie
- Critères d’exclusion :
Nous avons éliminé les observations dont les critères étaient insuffisants ou difficiles à interpréter d’après les déclarations des patients (observations n°15, 36, 100, 129, 138)
L’observation n°16, non retenue, concerne un patient qui présente une “migraine sans douleur” avec uniquement la présence d’une aura visuelle.
Nous avons également éliminé de la statistique les patients qui ne sont plus revenus après une à deux séances, considérant qu’en cas d’échec, la thérapeutique ne pourrait être jugée sur un si petit nombre de séances (n° 19, 42, 66, 83, 88, 91, 92, 110, 128, 133, 134, 154, 162).
Nous avons éliminé les cas où, bien que ne présentant plus de crises de migraines, les patients ont néanmoins poursuivi un traitement antimigraineux (observation n° 48).
De plus 24 cas sont en cours de traitement.
Enfin, nous n’avons pas réalisé de statistiques sur les céphalées autres que les migraines, telle que définies par l’IHS:
1- Migraine
2- Céphalées dites de tension
3- Algie vasculaire de la face (AVF) et hémicrânie paroxystique chronique
4- Céphalées diverses non associées a des perturbations structurales
5- Céphalées associées à un traumatisme crânien
6- Céphalées associées à des perturbations vasculaires
7- Céphalées liées à des anomalies intracrâniennes non vasculaires
8- Céphalées toxiques, iatrogènes ou de sevrage
9- Céphalées liées à des infections non céphaliques
10- Céphalées liées à des anomalies métaboliques
11- Céphalées ou algies facials associées a des anomalies du crâne, du cou, des yeux, des oreilles, du nez, des sinus, des dents, de la bouche ou d’autres structures faciales ou crâniennes
12- Névralgies crâniennes, douleurs mono névritiques et douleurs de désafférentation
13- Céphalées inclassables
La statistique comprendrait, en tenant compte de tous les types de céphalées, 230 cas. Si on y inclut 162 cas de cervicalgies et céphalées d’Arnold, nous estimons dans la fréquence de la pathologie céphalique à environ 400 cas sur une période de 4 ans. Ce chiffre, très probablement sous-estime, traduit la quotidienne du symptôme rencontre en médecine générale. La période d’observation couvre 4 ans (1993/1997).
- Caractéristique de la population:
Il s’agit de consultants de médecine générale appartenant aux catégories sociales les plus diverses (employés, cadres, étudiants, enseignants, etc…)
La répartition par sexe correspond à celle que l’on trouve habituellement dans les autres études 74% de femmes (118) pour 26% d’hommes (42). l’âge moyen est de 39 ans (extrêmes 70 ans – 6 ans). On observe 9 cas de migraines d’enfants : l’affection n’est donc pas exceptionnelle dans le jeune âge et devrait être systématiquement recherché tant le “mal a la tête” est banalise.
- Caractéristique de la migraine:
- a) L’ancienneté de la maladie est une moyenne de 17 ans avec des extrêmes de 1 an a 58 ans : c’est souligner la chronicité de la maladie et sa précocité d’apparition (nous avons observé 1 cas de migraine de l’enfant dont le début se situe à l’âge de 1 an (!), observation
n° 174 en cours de traitement)
- b) La fréquence des crises par mois est de 3,59 avec un maximum de 16 et un minimum de 0,4. Nous insistons sur le fait que la notion d’intervalle libre entre les crises (critère IHS) a été respectée (nous avons éliminé les observations ou ce critère était mal défini par le patient). Des observations, bien que correspondant aux critères de l’IHS qui précise que 5 crises typiques dans la vie d’un individu est un chiffre suffisant pour le classer migraineux, ont été éliminés, considérant que le petit nombre de crise ne permettait pas d’affirmer l’efficacité ou non du traitement (même si ces patients n’ont plus présenté de crise après le traitement).
- c) Présence d’aura : 38 cas soit 24% présentait une aura, sensorielle (visuelle) le plus souvent.
- d) Nombre de séances de Myotherapie: 6,26 ont été nécessaires avec un maximum de 22 et un minimum de 1. Nous avons ainsi 2 observations ou une seule séance a suffi : n° 121 et 136 avec un recul respectif de 8 mois et 6 mois.
Nous notons également 9 observations ayant nécessité seulement 2 séances.
– obs n° 49 (34 mois de recul)
– obs n° 56
– obs n° 114
– obs n° 117
– obs n° 118
– obs n° 119
– obs n° 144 (5 mois de recul)
– obs n° 148 (4 mois de recul)
- Moyens d ’évaluation:
Nous avons utilisé, pour apprécier les résultats, 2 types de questionnaires : voir annexes.
– Questionnaire n° 1 : destine à recueillir les critères nécessaires a la classification du type de céphalée présentée: uniquement utilisé lorsque l’observation se révélait incomplète.
– Questionnaire d’évaluation des résultats : tous les patients qui ont répondu ont été conserves dans l’étude, les autres sont classes en “perdus de vue” ou “abandon”. Dorénavant, chaque patient traite se voit remettre un questionnaire qu’il doit renvoyer 6 mois après la fin du traitement.
Devant les difficultés rencontrées, nous avons du élaborer un 3° questionnaire (celui qui est utilisé actuellement) pour éviter la confusion bien connue entre céphalée banale, contingente d’une autre affection, et la migraine pour laquelle a été instituée le traitement Myothérapique.
Nous avons relevé par exemple un cas qui prétendait dans le questionnaire avoir eu une migraine qui s’avérait être en fait une céphalée liée au “mal d’altitude” traduisant un œdème du cerveau lors d’un séjour dans les Alpes a plus de 3.000 mètres. De ce fait, l’efficacité du traitement est sous-évaluée. Beaucoup de patients considères comme simplement améliorés sont probablement en rémission complète.
- Classification des résultats :
Les patients sont classes en :
1- guéris (rémission complète)
2- améliorés : à 80% et plus, à 50%, à 30% en fonction des critères d’intensité et/ou de nombre de crises
3- échec.
Si nous soustrayons le nombre de “non revus” & “abandons”, soit 19 cas, nous obtenons les résultats suivants, sur un total de 112 cas:
– Rémission complète : 66 cas= 59%
– Amélioration : 28 cas = 25%
Repartis-en :
- Amélioration a 80%
10 cas = 9% (ce qui fait guéris + améliorés a 80% = 68%)
A 50% : 12 cas = 11
A 30% : 6 cas = 5%
– Échec : 18 cas = 16%
- Nombre de crises évitées:
Cette statistique établie d’après le nombre de crises déclarées par les patients avant traitement nous parait particulièrement intéressante quant au bénéfice attend de la thérapeutique appliquée.
Le traitement Par Myotherapie a ainsi évité 5051 crises.
Connaissant:
- a) le coût humain : l’intensité douloureuse des crises est le plus souvent au-dessus de 60 a l’échelle EVA, faisant de la migraine une véritable invalidité; et
- b) le coût socio-économique de chaque crise; on mesure l’intérêt que représente la Myotherapie, capable dans la majorité des cas de stopper net la crise.
- Recul:
Le délai d’observation nous parait constituer une donnée capitale pour attester de la validité du traitement.
Ce délai moyen de 20 mois nous parait suffisant pour éliminer l’effet placebo et pour attester que la Myotherapie n’est pas, comme on nous l’oppose parfois, un simple adjuvant aux autres thérapeutiques antimigraineuses mais un vrai traitement de fond à elle seule.
Le délai maximum de 49 mois observe chez une patiente (observation n° 6) et de 47 mois chez un autre (observation n° 30) alors qu’elles présentaient respectivement 2 et 1 crise par mois nous parait révélateur et cette efficacité au long cours.
- Conclusion:
La Myothérapie apparaît donc comme un traitement de fond actif sur les migraines vraies. Nous obtenons 59% de remissions complètes avec un recul moyen de 20 mois chez des migraineux présentant en moyenne 3,59 crises depuis 17,62 ans.
Les améliorations sont également très significatives, la plupart de ces patients n’ayant présenté que 1 a 2 crises, dont pour beaucoup réduites a de simples céphalées ou provoquées par la prise de médicaments (Trinitrine ® notamment).
Au total donc, 84% des patients sont, soit en rémission complète, soit nettement améliorés après traitement par Myothérapie.
Le petit nombre de séances nécessaires (6,26 en moyenne) représente un cout faible et facilite l’acceptabilité de la thérapie. Signalons que chez tous les migraineux observes, tous sans aucune exception présentaient des douleurs à la palpation de certaines zones très précises du cou, et qu’après traitement ceux qui sont en rémission complète présentent une indolence complète à la palpation des mêmes zones.
Ce fait constant devrait inciter les chercheurs à se pencher sur l’origine musculaire des migraines telle qu’elle est exposée par le Dr Polak. Il y a là, nous semble-t-il, le début de la preuve de la théorie du myospasme post-traumatique et de sa levée par le traitement Myothérapique.
D’autres faits viennent appuyer cette thèse : nous avons quelques cas significatifs de l’origine musculaire (y compris de muscles non proches) des migraines :
– observation n° 140 : à la suite d’une fracture du péroné, ce patient signale une recrudescence des migraines.
– observation n° 40 : cette patiente, depuis la fin du premier traitement le 27/02/95 ne présente plus de migraine : à la suite d’une entorse de la cheville en novembre 95, elle présente une récidive migraineuse.
Cause veineuse des migraines:
Une autre hypothèse.
Dr J. Polak
Nous avons exposé dans cette revue et dans notre livre la vraisemblance d’une cause veineuse aux migraines, à savoir une compression de la Veine Jugulaire Interne (VJI) au niveau du Foramen Jugulaire (anciennement: Trou déchire postérieur) par des tensions musculaires.
Si l’hypothèse d’une hypoxie corticale par hyperpression veineuse s’accorde parfaitement avec les innombrables publications qui mettent en évidence une réaction de vasodilatation artérielle, mais sans jamais préciser de facon convaincante a quoi l’hypoxie pourrait être due, et si une cause musculaire semble incontestable , l’endroit où se ferait la compression de la veine jugulaire interne ne relève pour l’instant que de l’hypothèse.
Grace à vos études nous avons montre que l’hypothèse d’une mobilité même minime des os du crane était plausible. Mais elle n’est par prouvée au niveau du Foramen Jugulaire. Or l’anatomie nous permet d’envisager tout aussi bien une compression de la VJI a un niveau situe plus bas.
En effet si nous lisons dans “Anatomie Clinique”, Ed. Springer, le chapitre “Le drainage veineux profond de la tête et du cou”, par S. Deplus & C. Gillot, membre du collège médical français des Professeurs d’Anatomie, il est précise que la VJI suit le bord interne du muscle cleido-mastoidien. On peut donc envisage une compression de la VJI par une contracture de ce muscle.
Dans le même livre, au chapitre “Muscles du Cou”, par C. Fontaine, il est precise que le muscle Omo-hyoidien croise la VJI, au point que “la contraction de ce muscle aurait une influence possible sur le débit de la veine”. Ici aussi on peut donc envisage une compression de la VJI par une contracture de ce muscle.
Enfin la VJI passé aussi contre le muscle Scalène antérieur.
Le reste de notre hypothèse, déjà exposée ici et dans la revue ‘Kinésithérapie Scientifique’ basée sur la loi de Poiseuille, reste inchangée.